L’ane, l’humilité de l’animal

Je suis l’âne, l’animal domestiqué que vous croyez bête, mais en réalité, je ris de vous chaque jour. Mon sourire est gravé dans la pierre, comme à Strasbourg, accroché à la galerie sud. Les bâtisseurs m’ont humanisé, me dotant de mains, dont l’une se pose sur ma bouche.

Je suis bien plus qu’un simple animal. Mon nom est l’homonyme de celui de la mère de Marie, Anne. Je porte Marie, qui porte elle-même Jésus. Ensemble, nous représentons de manière détournée la Trinité mariale, une symbolique interdite au Moyen Âge par l’Église pour éviter toute confusion avec la Trinité théologique. C’est une manière subtile de représenter Anne en tant que grand-mère du Christ.

Avec mes grandes oreilles, j’entends ce que vous n’entendez pas, les messages cachés par exemple. Les tailleurs de pierre médiévaux étaient adeptes de la langue des oiseaux, un langage symbolique et ésotérique et ils utilisaient souvent cette technique pour transmettre des messages à un second degré.

Dans l’art roman, je suis souvent représenté avec le Christ: pendant la fuite en Égypte, à l’entrée du Temple, et même dans la scène de la crèche aux côtés du bœuf. Pourtant curieusement, aucun évangile ne mentionne ma présence à la naissance du Christ. Alors, pourquoi suis-je là ? Réfléchissez un peu, vous qui me croyez stupide.

Je suis le symbole de l’humilité, de la patience et de la persévérance, des vertus souvent ignorées mais essentielles. Ma présence dans ces scènes religieuses est une leçon subtile : même les plus humbles ont un rôle crucial à jouer dans le grand récit de l’humanité. Je suis là pour rappeler que la simplicité et la modestie sont des chemins vers la véritable sagesse.

Ainsi, je suis l’Âne, porteur de symboles et de messages cachés, gardien des secrets des bâtisseurs et témoin silencieux de l’histoire sacrée. Je vous invite à voir au-delà des apparences et à entendre au delà des mots pour découvrir les vérités profondes qui se cachent à vous. Faites l’âne pour avoir du son! HA HA HA !