Par Thierry Quéré

Création Thierry Quéré

Pèlerin, écoute-moi ! Je suis la crypte, la voix qui t’appelle des profondeurs, celle qui te murmure de quitter la lumière de la surface pour plonger dans les ombres de l’inconnu. Tu es peut-être un simple touriste, mais il est temps de réveiller ton âme et de comprendre ce que je suis vraiment. Descends les marches, ne crains pas l’obscurité, car c’est ici, dans ce sanctuaire souterrain, que se trouve le cœur énergétique de cet édifice.

Sais-tu que je suis plus ancienne que l’église elle-même ? Je suis là depuis des siècles, gardienne de mystères anciens. Dans mes profondeurs, tu trouveras souvent des Vierges Noires, reliques des anciennes déesses de la fécondité – Isis, Déméter, Cybèle, Rhéa et Gaïa. Elles sont les témoins d’un passé sacré, de cette force primordiale qui donne vie.

Regarde autour de toi. Mon sol est brut, mal dégrossi, un rappel du chaos originel, de ces premiers instants de l’humanité qui, comme toi, cherchait la lumière. Je suis la caverne, le lieu de naissance, l’endroit le plus initiatique de tout cet édifice sacré. Ici, c’est le commencement, le lieu où la transformation commence, là où l’homme se prépare à renaître.

Le mot « crypte » vient de « cacher », et c’est bien ce que je fais. Mes premières incarnations étaient des grottes sacrées, taillées dans la roche ou construites sous le sol, loin des regards profanes. On y cachait les tombeaux des martyrs, ces âmes qui ont souffert pour la foi. Au-dessus de moi, des chapelles et des églises ont été érigées, mais c’est en moi que les corps des saints reposent, protégés et vénérés par les fidèles.

Crypte de la cathédrale de Bayeux
Chemin pour la crypte de Vezelay

Alors, pèlerin, ne t’arrête pas à la surface. Viens à moi, plonge dans mes profondeurs, et laisse-toi guider vers la lumière qui t’attend au bout de ce chemin initiatique. C’est ici que tout commence.

Et il y a un chemin à respecter pour y entrer ! 

La crypte de la chapelle des sept sains (Côte d’Armor) est l’ancien dolmen !

Je laisse la parole à Jacques Bonvin qui l’a si bien décrit dans son ouvrage sur la symbolique de l’art Roman.

« Une crypte est la continuité du ventre de la terre et garde encore en elle la mémoire du dolmen oublié.

Pour aborder la crypte et se placer sous le regard de Marie, nous devons suivre un chemin obligé.


Il y a généralement deux entrées dans une crypte : l’une du côté lunaire, au nord, et l’autre du côté solaire, au sud. Le pèlerin, suivant son chemin dans le sens dextrogyre, sort de l’ombre pour arriver à l’entrée de la crypte. Là, il ne doit pas prendre l’escalier qui se trouve juste devant lui, mais aller complètement à droite du chœur et descendre par l’entrée sud. 
Une fois dans l’obscurité de l’église souterraine, il traverse la totalité de la salle pour se présenter à l’entrée nord afin de commencer son chemin intérieur. En faisant cela, il se place dans le sens des énergies naturelles du sanctuaire et pourra ainsi accomplir sa renaissance en tournant dans le sens des aiguilles d’une montre.
Symboliquement, par l’action volontaire de revenir à l’envers, à l’opposé de la lumière, il fait la démarche de retourner à ses propres origines, comme pour effacer tout ce qui a été fait avant cette prise de conscience. C’est donc véritablement un homme nouveau qui renaît à la vie dans le ventre obscur de l’église. 
Et la lumière sera son guide. En effet, quand il ressort par la porte nord, il se trouve face à l’orient, c’est-à-dire face à la naissance de la lumière du Christ. Il peut donc aller à sa rencontre, la recevoir en lui et la porter au monde extérieur. S’il était entré dans la crypte par la porte nord et sorti par la porte sud, non seulement il aurait tourné dans la crypte à l’envers du sens naturel de circulation des énergies, mais en plus, il serait ressorti sans avoir à aucun moment rencontré la lumière ; elle serait dans son dos, et de plus, il n’aurait pas non plus reçu l’enseignement révélé par les chapiteaux du chœur. Il retournerait alors dans le monde des hommes sans le moindre changement. »

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